AIGLE DE BONELLI DE L’ANTI-ATLAS (Géoparc Jbel Bani)
le géoparc du jbel bani - tata

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AIGLE DE BONELLI DE L’ANTI-ATLAS (Géoparc Jbel Bani)

Déployant l’envergure de ses ailes, l’Aigle de Bonelli survole les sommets de l’Anti-Atlas. L’image est majestueuse avec son plumage clair moucheté de brun sur fond ocre de rochers escarpés… De son nom scientifique Aquila Fasciata, l’Aigle de Bonelli est une merveille dont l’aire de répartition présentée ici s’étend de notre région Souss Massa jusqu’à Guelmim Oued Noun. Nous avons récemment découvert la présence de ce noble oiseau par le biais d’un collectif de passionnés dont l’étude scientifique est parue en ligne le 10 septembre 2019 dans la revue Ostrich, journal de l’ornithologie en Afrique. Ce collectif réunit Ali Irizi, architecte d’Agadir féru de photographie, Mohamed Aourir de l’Université Ibn Zohr d’Agadir, Mohammed Znari de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, Mohammed Aziz El Agbani de l’Institut Scientifique de Rabat et Abdeljebbar Qninba de l’Université Mohammed V de Rabat. Il s’agit à ce jour d’une des plus complètes études portant sur les schémas de distribution et la densité des populations d’Aigles de Bonelli en Afrique du Nord-Ouest.

28 territoires de nidification accueillent 40 nids dans les montagnes de l’Anti-Atlas occidental

Non migrateur, l’Aigle de Bonelli est un rapace territorial qui présente la particularité d’avoir une longue durée de vie et d’occuper de vastes domaines vitaux. L’espèce se répartit de manière irrégulière dans les régions chaudes et sèches du pourtour méditerranéen : Maroc, Algérie, Tunisie, Sud de la France, Espagne, Portugal, Sud de l’Italie, ainsi qu’à travers l’Asie du Sud-Est. Cependant, l’espèce a fortement décliné dans sa distribution européenne en raison de la diminution de la disponibilité des proies, de l’augmentation des perturbations humaines et de la dégradation de l’habitat. Au Maroc, il est toutefois considéré comme une espèce reproductrice résidente commune.

Pour étudier un aigle, il ne faut pas avoir peur de voir haut et grand. C’est ce qu’ont fait nos spécialistes qui n’ont pas hésité à observer, de 2016 à 2018, une aire de près de 29.715 km2 dans les montagnes de l’Anti-Atlas occidental pour identifier les territoires de nidification des Aigles de Bonelli et leur distribution spatiale. Cet échantillonnage à grande échelle a ainsi permis de repérer pas moins de 28 territoires de nidification accueillant 40 nids utilisés par l’espèce. L’ensemble est réparti de manière hétérogène dans des zones à forte variation topographique, avec une altitude de nidification variant d’un minimum de 60 mètres dans le secteur de Guelmim, jusqu’à un maximum de 1.890 mètres dans le secteur de Tafraout-Aït Baha.

Malgré une occupation raisonnable du territoire (de 1 à 3 couples par 100 km2), nos aigles ne risquent pas de se déranger les uns les autres pendant la période de nidification puisqu’une distance moyenne d’une dizaine à une quinzaine de kilomètres sépare les nids voisins, plus proches dans le nord-ouest de l’aire d’étude et plus éloignés dans les zones présahariennes. L’analyse de différents facteurs conditionnant la répartition de l’espèce reste nécessaire pour mettre en œuvre des actions de conservation de cette population de rapaces.

L’espèce apprécie le climat aride méditerranéen de l’Anti-Atlas occidental et de ses bords sahariens

La présence ou l’absence d’habitats de nidification convenables peuvent influer sur l’abondance de certaines espèces d’oiseaux comme les rapaces. Ainsi, les informations concernant les habitats utilisés sont fondamentales pour la gestion de leurs populations.

Dans la zone d’étude qui englobe les montagnes de l’Anti-Atlas occidental et ses bords sahariens, le climat est identifié comme typiquement aride méditerranéen, influencé par les effets directs du Sahara et caractérisé par des étés secs et chauds. Les secteurs de Tata et de Guelmim présentent, quant à eux, un climat saharien où prédominent les paysages de steppe à peine végétalisés, composés de quelques espèces d’arbustes et d’euphorbes vivaces. Dans la majorité des zones où l’enquête a été réalisée, la densité humaine était faible, avec de petites communautés rurales entourées de parcelles cultivées.

Villageois, nomades et bergers ont fourni de précieuses informations sur les nids en raison de leur présence quotidienne sur les lieux

Dans des conditions météorologiques propices à la détection des rapaces, l’équipe de chercheurs a étudié tous les habitats de nidification potentiels accessibles pendant la saison de reproduction (de février à juillet). Arpentant la région, ces derniers ont ainsi pu recenser les Aigles de Bonelli présents dans la zone d’étude, scrutant les falaises avec jumelles et télescopes pour éviter, autant que possible, de perturber les oiseaux.

Cette enquête a révélé que les 40 nids recensés étaient situés sur des falaises, mais aucun n’a été trouvé dans les arbres, contrairement à ce que l’on peut observer dans certaines régions du Nord-Ouest de l’Afrique, à l’instar d’Ouarsenis, en Algérie, où la plupart des nids sont construits dans les arbres. Dans nos régions, principalement à Tafraout-Aït Baha, le caractère peu élevé des arganiers et la disponibilité de falaises de nidification adéquates peuvent, à juste titre, influencer les aigles dans leur choix de nidifier en falaises.

L’ensemble des résultats de recensement dans la zone d’étude a démontré que la population d’Aigles de Bonelli était répartie de façon presque continue à Tafraout-Aït Baha (46,4%), plus dispersée dans le secteur Guelmim-Ifni (39,2%) de même que dans le secteur de Tata (14,2%).

La disponibilité des proies de l’Aigle de Bonelli joue un rôle important sur la densité des rapaces

L’environnement naturel de l’aire d’étude de l’Aigle de Bonelli dans nos régions présente une abondance élevée de proies de prédilection du rapace telles que lièvres du Cap, écureuils de Barbarie, pigeons biset, perdrix gambra, agamidés d’Afrique du Nord (sauriens) et lézards fouette-queue du Maroc. La disponibilité et la richesse relativement élevées de ces proies influent positivement sur la densité des Aigles de Bonelli dans ces zones. En revanche, dans la partie sud de la zone d’étude, souffrant d’une pluviométrie plus faible, la diversité et l’abondance des proies sont très faibles. Les ressources alimentaires du rapace dans ces secteurs pré-désertiques sont donc relativement rares, hormis quelques lézards et petits mammifères.

L’Aigle de Bonelli est signalé comme relativement tolérant à la présence humaine

Dans sa quête de sites de nidification, l’Aigle de Bonelli n’évite pas particulièrement la proximité des installations humaines. Dans les montagnes de l’Anti-Atlas, les falaises de nidification occupées se situaient en moyenne à 3,5 km de distance linéaire par rapport aux routes pavées et de 2,5 à 3 km des villages habités les plus proches.

En conclusion, la zone ouest de l’Anti-Atlas semble être l’un des bastions les plus importants des Aigles de Bonelli dans la limite sud-ouest et présaharienne de leur distribution. Le nombre réel de couples nicheurs est probablement supérieur à celui signalé ici, en raison de la taille et de l’éloignement considérable des nids dans cette zone. Pour cette raison, l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de surveillance de la répartition des populations d’Aigles de Bonelli, des menaces les concernant et de leurs besoins spécifiques en habitats, sont nécessaires pour identifier les mesures de conservation spéciales à adopter, tant au niveau régional que national.

Source web par : agadir premiere

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